Histoire & Patrimoine
7.18.2023
La dabkeh : d’où vient cette danse et pourquoi est-elle populaire au Levant ?

Les mains jointes, paume contre paume, en ligne formant un cercle ouvert : c’est ainsi que les Levantins dansent la dabkeh.
Le mot dabkeh signifie “frapper du pied” en arabe. Cette étymologie décrit judicieusement la caractéristique distinctive de cette danse populaire dans la région du Levant : le frappement rythmique et synchronisé des pieds des danseurs accompagné de bras entrelacés et de chants mélodiques.
Comment se pratique la dabkeh ?
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La dabkeh est principalement exécutée en ligne, les danseurs se tenant côte à côte, tournés vers l’extérieur ou vers le public. La danse comprend plusieurs versions, mais la plus courante consiste en une séquence de pas où les interprètes alternent entre leur pied gauche et leur pied droit, en croisant un pied par-dessus l’autre. Les danseurs qui exécutent cette séquence, similaire à une chorégraphie en ligne en 6 temps, se déplacent généralement vers la droite.
Le chef de la ligne, appelé ra’as ou lawweeh, est un acteur clé pour la bonne exécution de la dabkeh. Placé à la tête de la formation, il donne le rythme et dicte les pas aux danseurs. Ce rôle exige une expertise en matière de dabkeh, ainsi que de la précision, de l’agilité et une capacité d’improvisation. Il alterne continuellement entre les interprètes et le public, orchestrant ainsi la dynamique de la danse.
Ayman Aboutaleb, instructeur de dabkeh, estime que cette danse est de plus en plus populaire. “C’est une danse passionnante. Je pense que les gens veulent participer à cette effervescence”, a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Detroit Channel 7.
Lebanese Dabke 📿📿 pic.twitter.com/11vf4acSTw
— ɐuᴉǝz (@ZanzounHNY) July 9, 2023
D’où vient-t-elle ?
Les origines de la danse, bien qu’enveloppées dans la nuit des temps, sont porteuses de traditions anciennes. Selon l’historien libanais Youssef Ibrahim Yazbec, la dabkeh remonte aux danses phéniciennes qui ont prospéré il y a des milliers d’années et qui trouvent leur origine dans d’anciens rituels de fertilité cananéens liés à l’agriculture. Dans ces rituels, la danse avait une fonction qui dépassait le simple divertissement : elle servait à éloigner les esprits malveillants et à protéger les tendres pousses des jeunes plantes.
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Mais ce n’est pas la seule explication donnée à l’origine de la danse. Une autre légende évoque un aspect plus pratique. Dans l’Antiquité, les habitants du Levant construisaient leurs habitations à l’aide de branches d’arbres et de boue. Lorsque le temps changeait, la boue se fissurait, laissant les toits vulnérables aux éléments. Dans un effort collectif, les membres de la famille et de la communauté se donnaient la main, formaient une ligne et remettaient la boue en place en la piétinant. Ce travail harmonieux aurait évolué en une danse de nécessité, un moyen de protéger leurs maisons et d’assurer leur survie. Pendant les mois les plus froids, ils auraient même chanté en travaillant pour leur remonter le moral. Avec les progrès technologiques et l’apparition de meilleures méthodes de construction des toits, la chorégraphie et le chant qui accompagnaient les rituels de réparation des toits seraient devenus une tradition transmise de génération en génération. “Le dabkeh est un moyen pour moi de garder le lien avec mon identité”, a expliqué Danya Zituni, apprentie arabo-américaine de dabke, au média WXYZ.