Histoire & Patrimoine
24.06.2020
L’oud, senteur typique du Golfe

Il ya des odeurs que l’on associe tout de suite à un lieu… Comme la senteur du bois de oud qui émane des ruelles de Dubaï ou de Djeddah. Porté en parfum ou brûlé sous forme d’encens, l’oud séduit les consommateurs aisés du Golfe. Car oui, ce bois est rare, et par conséquent précieux ! Alors d’où vient-il ? Et quelles sont ses caractéristiques ? Annick Le Guérer, anthropologue, philosophe, historienne de l’odorat, de l’odeur et du parfum nous éclaire.
Classique de la parfumerie arabe depuis le IXème siècle, l’oud est utilisé à des fins médicinales, spirituelles ou esthétiques. Il est aussi mentionné dans les textes anciens et sacrés, tels que la Bible ou le Veda indien. Et si son sillage nous propulse au coeur du Moyen-Orient, il naît plus à l’est, en Asie.
Entre parfums et traditions
Appelé aussi “ bois d’agar ” ou “ bois d’aloès ”, l’oud provient d’arbres tropicaux du genre Aquilaria. Ces derniers poussent dans les forêts de l’Asie du sud-est, plus particulièrement au Laos. “ Lorsque des champignons poussent sur ces arbres et contaminent le bois, une résine à l’odeur singulière est produite “ explique la spécialiste Annick Le Guérer. Celle-ci est distillée jusqu’à l’obtention d’une huile épaisse, connue sous le nom de oud. Une matière première qui s’exporte beaucoup au Moyen-Orient, et particulièrement dans le Golfe. On la retrouve dans les soins pour le corps et dans certains parfums. Mais l’oud se présente aussi sous forme de copeaux à brûler. Dans cette version, il entre fréquemment dans la composition du bakhour. Un encens traditionnel où les copeaux de bois sont imprégnés d’huiles essentielles de jasmin ou de bois de santal.
Ingrédient ancestral, l’oud est utilisé au Moyen-Orient depuis des siècles “ pour fumiger les vêtements et l’habitat, mais aussi désodoriser les pièces “ note Annick Le Guérer.
Une senteur particulière…
Les notes qui émanent de l’oud sont singulières et ne font pas toujours l’unanimité. Si les orientaux en sont friands, les occidentaux, eux, sont plus réticents. “ L’oud dégage une odeur très puissante et animale, c’est une senteur sauvage qui demande à être apprivoisée “ précise l’anthropologue. Néanmoins, ces effluves boisées, intenses et sombres envoûtent aussi la parfumerie occidentale. Créations confidentielles ou parfums de niche, les parfumeurs adoucissent l’oud avec de la rose ou jouent sur un accord boisé et épicé. “ L’oud se marie très bien aux épices telles que le safran, la cannelle ou encore la cardamome ” explique Annick Le Guérer.
… qui a un coût !
Mais ces accords seraient-ils un mirage ? L’oud étant une matière première très onéreuse, voire hors de prix, nombreuses sont les Maisons de luxe à faire du oud sans oud ! Le bois précieux laissant place à des notes de synthèse. “ L’oud est à l’heure actuelle le produit le plus cher de la parfumerie, affirme l’historienne de l’odeur, de l’odorat et du parfum. C’est un bois rare qui commence à être décimé. Les plantations d’arbres à oud ne suffisent pas à la demande ” ajoute-t-elle. De ce fait, comptez environ 1000 € les 100 ml, pour un parfum contenant de l’oud naturel. Et si vous êtes de passage à Dubaï, direction le Souk aux parfums de Deira où vous pourrez découvrir l’oud sous toutes ses formes !
Merci à Annick Le Guérer, Anthropologue, philosophe, historienne de l’odorat, de l’odeur et du parfum, auteur de l’ouvrage “ Le parfum Des origines à nos jours ” paru aux éditions Odile Jacob.
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